Comment s'informer de façon indépendante sur le médicament
I. Les guides de pratique
Outre les recommandations de la HAS, 3 agences émettent des guides de pratique clinique de qualité suivant à une procédure d'élaboration méthodique et transparente, ,
Il y en a bien d'autres mais ce trio apporte déjà beaucoup
Ces guides de pratique ont l'avantage d'avoir des données avec un programme d'actualisation, sur les situations cliniques,
donc quand on veut se faire son idée sur un nouveau médicament par exemple, dans une indication , ils sont utiles pour l'état des lieux des connaissances, dont la stratégie de prise en charge de cette situation clinique.
2) pour se faire sa propre idée d'un médicament
II. Pour un soignant souhaitant se faire sa propre idée d'un médicament, dans un temps raisonnable, c'est à dire compatible avec une activité professionnelle déjà chargée, il est important de se familiariser avec un premier cercle de sources qu'il est intéressant pour les soins de consulter dans de nombreuses situations
1- Commencer par les documents officiels et les documents d'agence synthétiques
Résumé des caractéristiques d'un produit (RCP) sur le site https://base-donnees-publique.medicaments.gouv.fr/
L'information apportée par les RCP est datée, c'est l'info officielle minimale, toujours présentée avec la même structure
Cette information est obligatoirement reprise dans les bases de données médicamenteuses agréées utilisées dans les logiciels de prescription (base Vidal, base Claude Bernard, base Thériaque) - ces bases fournissent d'autres services, certains bien intéressants, mais doivent au minimum présenter les données du RCP
2- Pour les médicaments pour lesquels une Autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne a été accordée
ce site https://base-donnees-publique.medicaments.gouv.fr/ renvoie sur l'EPAR européenne (pour European public assessment report) (sur le site de l'Agence européenne du médicament)
Ces documents ont l'intérêt d'une présentation de pharmacologie clinique assez détaillée - ils ont une structure constante, ce qui permet avec un peu d'habitude de repérer rapidement une section qui intéresse particulièrement
3- Le site de l'agence européenne du médicament (EMA)
La plupart des AMM actuelles sont européennes et non nationales.
Ce site peut sembler assez touffu (il demande un peu d’entraînement), mais pour se faire une idée plus large que via l'EPAR sur l'évaluation d'un médicament, aller dans le menu medicines, puis search et saisir le nom du médicament.
S'affiche alors la liste des documents concernés, que ce soit l'EPAR et ses évolutions, le statut de l'AMM (accélérée, etc.)du médicament, l'historique de l'évaluation - et le cas échéant un plan de gestion des risques (RMP) quand les données à l'AMM l'exigent (ou plutôt une absence de données suffisantes sur les risques au moment de l'AMM)
4-Pour les effets indésirables : cette connaissance se construisant peu à peu par cumul des données, notamment à partir des notifications d'effets indésirables analysées par les centres de pharmacovigilance, et des études en particulier de pharmacoépidémiologie
consulter le site de l'ANSM : https://ansm.sante.fr/
en cherchant par médicament
Et :
- les bulletins des centres régionaux de pharmacovigilance, qui proposent des alertes, des mini-synthèses (TWT Réseau Fr CRPV @Reseau_CRPV - et par exemple le site BIP31.fr, où sont disponibles les bulletins des centres de PV occitanie Toulouse + Montpellier)
- Prescrire (abonnement www.prescrire.org), chaque mois alertes basées sur veille internationale spécifique et systématique, et synthèses de vigilance, extraits utiles pour la pratique des journées annuelles des centres de PV, troubles liés à telle ou telle famille de médicaments, etc.)
5- Pour estimer où "placer le médicament parmi les options disponibles en France" (ASMR) : lire les avis de la Commission de transparence de la HAS :
https://www.has-sante.fr/ -> moteur de recherche -> nom du médicament (DCI) --> choisir section médicament, et quand on clique sur le nom du médicament recherché, la page suivante présente les différentes évaluations
il est préférable d'ouvrir l'avis complet et pas seulement sa synthèse
Il est intéressant de se familiariser avec ce type de document qui apporte un éclairage utile. Les analyses de Prescrire sont souvent plus sélectives car si la Commission de transparence (CT) de la HAS est chargée de définir si ce médicament est à inscrire sur la liste des médicaments remboursables (par le SMR) et en proposant un ASMR qui est la base du choix du taux de remboursement, Prescrire estime qu'un Nième médicament dans une même famille pharmacothérapeutique qui n'apporte rien sur le plan efficacité, ni moindre risque d'effet indésirable, ni de praticité (par exemple diminution de risque d'erreurs lors de la prescription, de la dispensation à la pharmacie, alors de la prise par le patient) "n'apporte rien de nouveau" et ne mérite pas d'encombrer la mémoire d'un prescripteur (sans oublier qu'un médicament plus ancien est mieux connu, surtout en termes d'effets indésirables).
La CT de la HAS répond à un cahier des charges public du marché, elle n'a pas à se prononcer sur la légitimité d'une AMM, ou sur le remboursement d'un 43ème inhibiteur de ceci ou d'un nième immunodépresseur, à partir où ils sont lancés dans une indication reconnue comme importante (SMR). Ceci étant la CT procède parfois à la réévaluation de toute une classe, ce qui est bien pratique
3) éléments complémentaires
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Diéthylstilbestrol (DES)
Pour ceux qui aimeraient en savoir davantage dans un temps court, l’association de patients Réseau-D.E.S. France a mis à jour en novembre 2020 son "Guide pratique pour les professionnels de santé et les "familles DES"" - 28 pages - accès gratuit (1)
Le guide explique les complications rencontrées par ces personnes et leur descendance, et donne le cas échéant des conseils de suivi pour chaque génération : la 1e génération des "mères DES" qui ont pris le médicament ; la 2e génération des "filles DES" et "fils DES", exposés in utero ; la 3e génération des enfants des "filles DES" et des "fils DES", chez lesquels des études ont aussi montré ou permis de suspecter le rôle de ce médicament dans des malformations et différents troubles. Des recommandations françaises et d’autres pays sont mentionnées, et les données sont abondamment référencées.
L’association suit de près les études portant sur des "descendants DES" afin d’en répercuter les résultats dans ce guide. C’est le cas, par exemple, pour le risque de troubles psychiques augmenté chez les enfants DES, le risque cardiovasculaire semblant accru chez les filles DES ou pour l’augmentation des hypospadias, des infirmités motrices cérébrales, des atrésies de l’œsophage et peut-être des troubles de déficit d’attention avec ou sans hyperactivité chez les petits-enfants DES. Des mises à jour régulières de ce document en ligne sont prévues.
Une source d’information de choix et un support d’échange entre les patient(e)s concerné(e)s et les soignants.
1- Réseau-D.E.S. France "Distilbène (DES) Trois générations (Distilbène, Stilboestrol-Borne, Diethylstilbestrol) Guide pratique pour les professionnels de santé et les "familles DES"" 2020 : 28 pages. Téléchargeable gratuitement sur le site www.des-france.org.